Jean-Marc Boursier est un collectionneur d’art aguerri, le fondateur d’ALPA CAPITAL et ancien directeur général adjoint du groupe Suez. Portrait d’un amateur passionné, membre de l’Art Business Club.
Parlez-nous un peu de vous. Quel est votre parcours ?
J’ai 56 ans. Je travaille depuis plus de 25 ans dans le monde de l’économie circulaire, d’abord comme cadre dirigeant d’un leader mondial des services à l’environnement puis aujourd’hui au sein d’ALPA CAPITAL, une société de conseil et d’investissement que j’ai créée il y a 2 ans.
Je me suis engagé dans cette transition vers un modèle industriel plus respectueux des ressources naturelles car je considère que c’est le principal défi de notre siècle que de pouvoir enfin concilier la recherche d’une forme de prospérité collective avec la réduction de notre empreinte environnementale, dans une société que je souhaite, par ailleurs, demain, beaucoup plus socialement inclusive qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Sinon, je passe l’essentiel de mes loisirs en famille dans le sud-ouest de la France que j’aime tant, avec une probabilité très forte que vous me croisiez sur un vélo si cette région vous attire au même titre que moi.
Comment est née votre passion pour l’art ? Comment avez-vous commencé à vous y intéresser ?
Très tôt, j’ai été attiré par la peinture. Sans doute grâce à l’éducation reçue de mes parents et des nombreux musées ou expositions que j’ai eu la chance de visiter avec eux. Mais aussi grâce aux aprèsmidi passés dans des salles des ventes, à Drouot, chez Christies, à Biarritz ou Arcachon. Dès mon plus jeune âge, j’ai aimé l’ambiance passionnée des lieux et la véritable « commedia dell’ arte » des commissaires-priseurs (40 ans plus tard, je me rappelle encore de Maitre Carayol père!), pour vendre des objets sans grand intérêt tout en faisant patienter les acheteurs, particuliers et professionnels confondus, en aiguisant leur appétit pour les lots les plus prometteurs.
Je me souviens aussi de ma timidité à l’idée de lever la main pour passer un ordre et de la frustration que j’éprouvais lorsque nous avions manqué une enchère pour une œuvre très convoitée et que j’avais déjà imaginée accrochée à la maison.
Très tôt en réalité, j’ai compris que la rencontre avec l’Art et les artistes (les 2 étant désormais indissociables dans mon esprit) allait devenir essentielle à mon équilibre. Ilsme permettent de réfléchir et de partager des émotions avec des gens de culture et sensibilité différentes et me donnent le sentiment de pouvoir m’encanailler dans un monde parallèle au mien. Un proverbe malien dit que le chemin le plus court entre 2 points, ça n’est pas le ligne droite, c’est le rêve. Précisément, l’Art permet de raccourcir la distance entre les hommes et à l’être rationnel que je suis de rêver les yeux ouverts.
Comment vous êtes-vous lancé dans la collection d’œuvres d’art ? Qu’est-ce qui vous pousse acheter des œuvres ? Et par quels biais achetez-vous aujourd’hui vos objets d’art ? Qu’est-ce que vous pousse à acheter une œuvre ?
La question est bien formulée : une envie irrépressible, une pulsion. Dans mon cas, la conviction que cette œuvre est subitement devenue indispensable à ma vie et que ne pas l’acquérir serait une décision douloureuse, bien plus douloureuse encore que de l’acquérir au prix proposé.
J’ai acheté ma première œuvre, une petite huile, il y a exactement 30 ans, dans une galerie d’art à Penzance en Cornouailles. Je m’en souviens encore, il pleuvait beaucoup ce week-end là et cette toile m’avait marquée car elle reflétait très fidèlement la caractère tumultueux et sauvage de cette côte magnifique du sud-ouest de l’Angleterre.
Mais progressivement, grâce à de multiples flâneries dans des galeries ou des musées d’Art contemporains, mon regard et mes goûts se sont affirmés et mes choix ont évolué : vers des peintures moins figuratives d’abord (Jacques Bosser, Tony Soulier, Gérard Fromanger ou André Marfaing pour n’en citer que quelques-uns) ou plus récemment, vers la sculpture (Sébastien Kito, Bernard Cousinier, Nicolas Sanhes).
J’essaye toujours de rencontrer les artistes vivants avant d’acheter une œuvre. J’aime les connaitre, comprendre leur univers poétique, les écouter me décrire leur processus de création. Certains sont, depuis, devenus des amis.
Vous êtes membre de l’Art Business Club. Pourquoi avez-vous décidé d’y adhérer ? Quels artistes avez-vous pu découvrir pendant les événements du Club ?
J’ai décidé de rejoindre l’Art Business Club pour deux raisons : d’abord pour avoir la possibilité de voir des œuvres d’artistes que je connaissais mal ou pas et vers lesquels je ne serai pas allé spontanément (comme Jean-Michel Othoniel, Johan Creten, Robert Kushner ou Ron Mueck), et ensuite pourvoir partager cette passion de l’Art, dans le cadre très privilégié de musées, de fondations, ou de galeries privatisées pour l’occasion, et ce avec d’autres investisseurs passionnés.
