Jean-Michel Othoniel © crédit photo Valentin Hennequin pour Christian Dior Parfums
Kiosque des Noctambules, Théorème de Narcisse, Rose du Louvre, l’univers de Jean-Michel Othoniel, plasticien français d’envergure internationale, « réenchante le monde ». Il nous en livre sa vision.
Depuis plus de trente ans, vos œuvres contribuent à « réenchanter le monde », selon vos mots. Pourquoi ?
JMO : J’ai toujours été un artiste à l’écoute, qui tente d’apporter au monde du soin. La notion de merveilleux dans mes créations s’est imposée très tôt, alors qu’elle n’était pas en vogue. Vouloir aujourd’hui « réenchanter le monde » est une posture quasi politique, si l’on regarde son état …
Quels sont les diverses facettes de votre pratique ?
En premier, je fais des aquarelles qui sont, pour moi, comme un moment suspendu. Vient le travail avec mon équipe du studio et des artisans, où j’endosse la casquette d’architecte ou de sculpteur en chef. Depuis dix ans environ, je pratique aussi la peinture, qui me procure un moment de liberté solitaire, un sentiment de l’ordre de l’enfantement. Ces trois espaces sont ouverts…
Pourquoi collaborez-vous souvent avec des artisans internationaux ?
Dans les années 1980, régnait, à Paris, la Figuration Libre, qui ne me concernait pas. J’ai donc voyagé et tissé un réseau d’amitiés et d’artisans virtuoses, des USA jusqu’en Asie, sur lequel je m’appuie toujours. L’Amérique et l’Asie étant les continents où j’ai, d’ailleurs, beaucoup de mes collectionneurs…
En 2018, vous devenez académicien et chevalier de la Légion d‘honneur, en 2022. Que signifient ces honneurs pour vous ?
La reconnaissance d’une carrière ! J’ai dit au président de la République que recevoir la Légion d’honneur m‘obligeait. Celle-ci peut permettre de concrétiser des projets, mais aussi de rassurer des personnes plus méfiantes envers l’art contemporain. A l’Académie, je me suis engagé à faire acte de présence, d’écoute et de conseil. Revivre l’expérience d’il y a vingt-huit ans, à la Villa Médicis, dans une dimension transgénérationnelle, c’est nourrissant. En boulimique du travail, j’ai aussi accepté la direction de la Villa Dufraine soutenant la jeune création à travers des résidences ! Transmettre aux nouvelles générations est très enrichissant.
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En 2021, votre exposition « Le Théorème de Narcisse » au Petit Palais, a eu beaucoup de succès. A-t-elle eu un impact sur vos projets ultérieurs ?
Ce fut un point de basculement dans mon parcours, car, pour la première fois, un conservateur me faisait entièrement confiance. Elle a ensuite voyagé à Séoul, puis New York. Aujourd’hui, l’impact de son énergie se cristallise, notamment, au Musée Ingres de Montauban, où je prépare une exposition. En 2021, j’ai senti qu’il y avait une écoute de mon travail au niveau national, et j’ai souhaité réaliser des projets en région. Je vais y dévoiler une facette plus sombre, qui a toujours hanté mes œuvres. J’ai également, cette année, des projets en Finlande et au Brésil, où je n’ai jamais exposé.
Par Virginie Chuimer-Layen
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